10 personnes jugés pour rumeurs transphobes contre Brigitte Macron

À Paris, un procès inédit s’ouvre autour de dix personnes accusées de cyberharcèlement contre la Première dame. Au centre de l’affaire : une rumeur transphobe virale qui circule depuis des années sur les réseaux sociaux et qui alimente des théories complotistes.
brigitte macron zoe

Un procès symbolique face au cyberharcèlement

Huit hommes et deux femmes, âgés de 41 à 60 ans, sont jugés devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à une campagne coordonnée de harcèlement en ligne visant Brigitte Macron. Selon le parquet, les prévenus ont relayé ou produit des contenus assimilant l’épouse du président à une personne transgenre, tout en diffusant des accusations mensongères et diffamatoires.

Cette affaire fait suite à une plainte déposée par Brigitte Macron le 27 août 2024. L’enquête de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) a conduit à plusieurs interpellations en décembre 2024 et février 2025. Tous risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour cyberharcèlement.

Une rumeur complotiste devenue virale

La rumeur au cœur de cette affaire affirme que Brigitte Macron serait née homme sous le nom de Jean-Michel Trogneux, avant de changer de genre et d’usurper son identité. Une pure invention qui circule depuis 2017, amplifiée par des communautés complotistes et des figures de l’extrême droite numérique.

Cette théorie trouve un écho en ligne, car elle touche plusieurs leviers efficaces pour les désinformateurs : le fantasme du secret d’État, la stigmatisation des personnes trans et les attaques morales. La différence d’âge entre Emmanuel et Brigitte Macron a également été instrumentalisée pour relancer de fausses accusations de pédophilie, sans aucune preuve.

Le rôle central de « Zoé Sagan »

Parmi les prévenus, le nom d’Aurélien Poirson-Atlan revient souvent. Publicitaire de 41 ans, il est plus connu sur X sous le pseudonyme « Zoé Sagan ». Son compte, aujourd’hui suspendu, a massivement diffusé et relancé la rumeur auprès de centaines de milliers d’abonnés.

« J’affirme que Brigitte Macron n’est pas Brigitte Macron », a-t-il déclaré face aux enquêteurs, maintenant sa position sans apporter aucune preuve.

Déjà connu pour avoir participé au scandale Benjamin Griveaux en 2020, Zoé Sagan évolue dans les sphères complotistes et cultive une stratégie basée sur la provocation et la désinformation.

D’autres figures impliquées

Les prévenus ne viennent pas tous du même milieu. On y retrouve un galeriste, un enseignant, un informaticien, une médium et même une pseudo-journaliste. Ce qui les relie : une activité intense sur les réseaux sociaux et un intérêt clair pour les récits alternatifs et conspiratoires.

Parmi eux, Delphine J., alias Amandine Roy, médium autoproclamée de 51 ans, figure connue des cercles complotistes. Elle avait déjà été condamnée pour diffamation contre Brigitte Macron en 2024 avant d’être relaxée en appel. Elle a largement contribué à propulser cette rumeur en ligne, sous couvert « d’investigation citoyenne ».

Un phénomène amplifié aux États-Unis

La rumeur ne s’est pas arrêtée aux frontières françaises. Elle a été massivement relayée par des personnalités américaines d’extrême droite, dont l’influenceuse Candace Owens. Cette dernière en a même fait une série de vidéos intitulée « Becoming Brigitte » vues des millions de fois.

Face à cette internationalisation de la diffamation, le couple présidentiel a déposé une plainte aux États-Unis à l’été 2025. Brigitte Macron dénonce des attaques visant directement son intégrité et celle de sa famille.

« Ce sont les mêmes sujets odieux qui reviennent toujours […] Ils disent que j’aurais menti sur mon état civil », a-t-elle déclaré lors de son audition, selon Le Parisien.

Entre liberté d’expression et haine en ligne

Ce procès pose une question de fond : où placer la limite entre la liberté d’expression et le cyberharcèlement ? La défense de certains prévenus tente de faire valoir l’idée d’un « débat public ». Pourtant, le cadre juridique français est clair : la diffamation, l’injure publique et le harcèlement sont punis par la loi.

Au-delà du cas Macron, ce procès est observé comme un test sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation.

Le jugement attendu pourrait envoyer un message ferme : les campagnes de harcèlement numérique peuvent désormais se terminer devant les tribunaux. Alors que les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans l’opinion publique, ce procès rappelle que la diffamation n’est pas une opinion et que les rumeurs ciblant les minorités, comme les personnes trans, nourrissent des violences bien réelles.

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