Un événement inhabituel a récemment retenu l’attention à Paris. Un couple de quadragénaires a été placé en garde à vue pendant près de 70 heures, accusé à tort de menaces. Tout commence la veille d’un match France-Israël, un événement sous haute surveillance en raison du contexte politique et sécuritaire.
Les paroles de Kaaris au cœur du malentendu
Dans les rues de Paris, Younès (nom d’emprunt), 49 ans, circule avec sa compagne Nadia. Fenêtres ouvertes, la musique résonne dans l’habitacle de leur véhicule. Le morceau en question ? “Rafaler” du rappeur Kaaris, connu pour ses paroles percutantes. Lorsqu’ils passent devant un restaurant spécialisé en cuisine israélienne, les mots du titre interpellent des passants : “Attention, ça va rafaler, rafaler, rafaler”.
Younès ralentit pour laisser traverser des piétons, mais des regards insistants ne l’inquiètent pas. “J’ai vu des gens me regarder bizarrement, mais je n’ai pas prêté attention”, explique-t-il. Pourtant, ces quelques secondes devant l’établissement suffisent à enclencher une suite d’événements inattendus.
Le lendemain, Younès et Nadia sont confrontés à une intervention des forces de l’ordre. Nadia est arrêtée à son domicile en tant que propriétaire de la voiture, tandis que Younès est interpellé sur la route. Ils se retrouvent tous deux en garde à vue, accusés d’association de malfaiteurs en vue de commettre un crime.
Le couple est stupéfait par ces accusations. Les policiers interrogent Younès sur des sujets divers, allant jusqu’à poser des questions sur sa religion :
Ils me posaient plein de questions sur la religion musulmane.
Pendant les 70 heures passées au commissariat, le couple est confronté à des allégations basées uniquement sur des témoignages. Certains affirment avoir vu Younès en djellaba grise, accompagné de deux autres individus. Des détails que l’homme réfute catégoriquement :
J’étais seul et habillé en pull noir et parka vert kaki.
Finalement, des éléments factuels permettent d’innocenter le couple. La géolocalisation des téléphones et les images de vidéosurveillance montrent qu’aucun élément incriminant ne peut leur être reproché. Le parquet confirme par la suite qu’aucune infraction n’a été commise.
Bien que relâchés, Younès et Nadia ne comptent pas en rester là. Pour eux, cette affaire illustre un dysfonctionnement du service public de la justice. Ils envisagent de déposer plainte pour dénonciation calomnieuse et de lancer une procédure contre cette erreur judiciaire.