Le procès de Cyril Hanouna, initialement prévu ce mardi au tribunal judiciaire de Paris, a été reporté au 17 décembre. Cette affaire, qui fait suite aux insultes proférées en direct dans l’émission Touche pas à mon poste (TPMP) à l’encontre du député de La France insoumise (LFI) Louis Boyard, suscite une forte attention publique et médiatique. Le report a été demandé par la partie civile, en raison de l’absence de l’avocate de Louis Boyard, actuellement en Guyane pour une autre affaire.
Pourquoi ce procès ?
Le 10 novembre 2022, Louis Boyard, ancien chroniqueur de TPMP devenu député du Val-de-Marne, est invité sur le plateau de l’émission pour discuter de la situation des migrants à bord du navire humanitaire Ocean Viking. Durant la discussion, Boyard évoque le rôle de Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+ (dont fait partie C8) et figure parmi les « cinq personnes les plus riches » qui, selon le député, « appauvrissent l’Afrique ». La mention du milliardaire breton provoque la réaction immédiate de Cyril Hanouna. S’en suit un échange vif où l’animateur qualifie Boyard de « tocard », « abruti » et « merde », des propos qui scandalisent le public et provoquent une vague de réactions sur les réseaux sociaux.
Cette altercation en direct ne passe pas inaperçue. Le régulateur des médias, l’Arcom, est saisi par plusieurs députés et spectateurs. En février 2023, l’Arcom inflige une amende de 3,5 millions d’euros à C8 pour non-respect des droits de l’invité et atteinte à l’honneur de Boyard. Le Conseil d’État confirme cette décision, soulignant un « défaut de maîtrise de l’antenne » de la part de l’éditeur.
À la suite de cette diffusion, Louis Boyard porte plainte avec constitution de partie civile pour injure publique envers une personne chargée d’une mission de service public. Cyril Hanouna, quant à lui, riposte en engageant une action en justice pour diffamation, accusant Boyard de l’avoir diffamé en insinuant qu’il participait à la montée du racisme. Ces poursuites croisées témoignent de la forte tension entre le député LFI et l’animateur vedette de C8.
Les propos de Hanouna déclenchent une vague d’indignation. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, critique vivement le comportement de l’animateur et qualifie l’incident de « gravissime ». De son côté, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, estime que cette séquence est « dégradante » pour le débat public. Boyard, en réponse à cet incident, réclame même la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur l’influence de Vincent Bolloré dans les médias.
Cette affaire, ajoutée à d’autres incidents sur C8, a contribué à la décision de l’Arcom de ne pas renouveler la fréquence TNT de la chaîne, marquant un tournant pour le groupe Canal+. Cette sanction s’inscrit dans une série de 33 mises en demeure et amendes cumulées s’élevant à 7,8 millions d’euros, imposées à la chaîne pour divers manquements. C8 avait proposé de diffuser TPMP avec un différé pour éviter les dérapages en direct, une mesure jugée insuffisante par l’Arcom.
Au cours du procès du 17 décembre, Cyril Hanouna sera jugé pour :
Injure publique envers un corps constitué, un fonctionnaire, un dépositaire de l’autorité ou un citoyen chargé d’un service public.
S’il est reconnu coupable, l’animateur encourt une amende pouvant atteindre 12 000 euros. Le directeur général de C8, Franck Appietto, pourrait également être mis en cause dans cette affaire.